Le Numérique Responsable c’est quoi ?

Un enjeu environnemental

On s’imagine souvent que le numérique est immatériel. Et pourtant… 

Smartphones, ordinateurs, tablettes, télévisions et autres objets connectés sont bien réels. Leur fabrication, leur usage, leur fin de vie : tout a un impact sur l’environnement ! Y compris les antennes relais, satellites, serveurs et data centers qui jouent un rôle clé dans le traitement et le stockage de nos données. 

Le numérique, omniprésent, mobilise d’énormes ressources. Saviez-vous que le secteur des technologies de l’information et des communications émet à lui seul 4,4% de l’empreinte carbone et consomme environ 10% de l’électricité en France ?  Et c’est sans compter tous les équipements numériques intégrés aux autres secteurs des transports, de l’agriculture et de l’industrie qui augmentent encore cet impact.

Avec la digitalisation croissante de nos sociétés, l’impact environnemental du numérique ne cesse d’augmenter. Outre les impacts directs liés à l’accroissement de ces usages, le numérique génère des effets indirects, les fameux « effets rebonds”. Par exemple, une antenne 5G consomme moins d’énergie qu’une antenne 4G et offre un meilleur débit. Mais attention ! Ces gains risquent d’être annulés voire dépassés par l’augmentation des usages, comme regarder des vidéos en haute définition. 

Pour réduire nos impacts environnementaux liés au numérique, plusieurs actions sont possibles.  Des changements sociétaux importants doivent s’opérer notamment en repensant nos modes de fabrication et de consommation, tant chez les fabricants de terminaux que chez les utilisateurs et opérateurs de réseaux et de centres de données. 

La pollution numérique, en France, c’est :

  • 4,4% de l’empreinte carbone, soit autant que les poids lourds ! 
  • 11% de la consommation électrique nationale 
  • 60% de l’impact environnemental provient de la fabrication de nos appareils 
  • 800 millions d’équipements, soit plus de 10 par personne en moyenne ! 

Si rien n’est fait, l’impact du numérique pourrait tripler d’ici 2050, alors que la France vise à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre.
source : ADEME-ARCEP

Je calcule mon impact numérique

Un enjeu sociétal

Le numérique a des répercussions qui vont bien au-delà de l’environnement. C’est pourquoi nous parlons de numérique responsable. Cela englobe non seulement l’empreinte environnementale, mais aussi sociale et économique du numérique… 

Mais en pratique, qu’est-ce que ça veut dire, un numérique plus responsable ? Eh bien, ça commence par éviter et réduire la pollution numérique, tout en gardant un oeil sur les effets indirects, comme les effets rebonds…

Le numérique responsable, c’est aussi être plus éthique. Cela signifie prendre en compte les personnes en situation de handicap (accessibilité numérique), les enjeux d’inclusion et de diversité et surtout, penser aux humains derrière chaque produit ou service numérique. Par exemple, saviez-vous que plus de 40 000 enfants travaillent dans les mines de cobalt au Congo ?  Et pourtant, le cobalt est essentiel pour fabriquer les batteries de nos équipements numériques. 

Si vous voulez creuser le sujet des impacts humains relatifs au numérique, l’association SystExt (Systèmes extractifs et Environnements) fournit de bons éléments de compréhension.  Il est crucial de comprendre que ces impacts ne concernent pas seulement la fabrication de nos téléphones ou autres appareils numériques, comme l’extraction des minéraux et leur assemblage. Ils perdurent également lorsqu’on se débarrasse de nos appareils en fin de vie. Une partie de nos vieux téléphones, écouteurs, consoles de jeux et ordinateurs est encore envoyée illégalement vers d’autres pays, notamment en Afrique ou en Asie, où leur traitement cause de graves impacts sur la santé humaine et la nature. 

Enfin, n’oublions pas que les services numériques ont aussi des impacts sociaux. Par exemple, les « travailleurs du clic » qui entraînent les algorithmes des intelligences artificielles, travaillent souvent sans protection sociale, effectuant des tâches répétitives et dégradantes.

Un enjeu sanitaire 

Les impacts environnementaux du numérique ne sont plus à démontrer, mais ses effets sur notre santé, qu’il s’agisse des jeunes ou des adultes, suscitent une attention croissante. Avec l’essor imminent de l’intelligence artificielle, ces enjeux prennent une nouvelle dimension, amplifiant des problématiques bien réelles comme le stress de l’hyperconnexion, les troubles du sommeil, la sédentarité ou encore la dépendance aux écrans. Face à ces défis, repenser nos usages devient crucial pour préserver notre bien-être.

Les jeunes : une génération vulnérable 

Les enfants et adolescents, en pleine construction de leur « capital santé », sont particulièrement exposés. Le rapport « L’impact de l’exposition des jeunes aux écrans », remis au président de la République en avril 2024, met en évidence plusieurs risques majeurs : 

  • Problèmes physiques : sédentarité, surpoids, diabète, troubles cardiovasculaires, et réduction de la qualité du sommeil. 
  • Développement cognitif freiné : une exposition quotidienne aux écrans avant 6 ans nuit aux performances cognitives, langagières et socio-émotionnelles. 
  • Santé mentale fragilisée : les adolescents sont plus exposés à des contenus addictifs ou violents, augmentant les risques de troubles mentaux. 
  • Problème de vue : les écrans favorisent la myopie. 

Recommandations :   

Les experts préconisent des campagnes de sensibilisation en faveur de la modération numérique, avec des règles adaptées : pas d’écrans avant 6 ans, pas de smartphone avant 13 ans. Ils recommandent aussi des habitudes familiales saines, comme limiter les écrans avant le coucher, aux repas ou dans les chambres. 

Les adultes : des impacts tout aussi préoccupants

Les adultes ne sont pas épargnés par les effets du numérique : stress, fatigue mentale et pression constante brouillent la frontière entre vie privée et professionnelle. La sédentarité liée aux écrans augmente les risques de maladies chroniques, tandis que les interactions virtuelles fragilisent les relations humaines, amplifiant la solitude. Enfin, l’exposition prolongée à la lumière bleue perturbe le sommeil, aggravant fatigue et manque de concentration. 

Repenser notre usage du numérique 

Pour jeunes et adultes, la modération numérique est essentielle et invite à se poser les bonnes questions : ai-je vraiment besoin de consulter à nouveau les réseaux sociaux ? À l’ère de l’IA, ces réflexions sont essentielles pour préserver notre bien-être.